Que se passe-t-il quand un nez décide de quitter son propriétaire pour vivre sa vie ? Séduit par la dimension fantastique et « insensée » de la nouvelle Le Nez de Nikolaï Gogol (1836), Dimitri Chostakovitch choisit cette satire de la société russe et de son administration tsariste pour son premier opéra, qu’il compose à 22 ans, en 1928. En raison de sa critique sociale, de son thème surréaliste et de son plaisant mélange de styles musicaux, cette œuvre presque démente est bannie du répertoire soviétique pendant près d’un demi-siècle. En dépit d’effectifs démesurés (près de 80 personnages et une section percussion comptant 14 instruments), cette partition géniale et pétillante reçoit aujourd’hui à nouveau l’attention qu’elle mérite. Àlex Ollé et La Fura dels Baus en donneront une interprétation visuellement spectaculaire, tandis que Gergely Madaras fera ses débuts à la Monnaie à la tête d’un orchestre déchaîné.