Cette année-là, Salif Keïta sortait Folon, disque angulaire dédié aux enfants albinos qui, comme lui en son temps, sont persécutés pour les pouvoirs maléfiques que leur attribuent certaines croyances populaires. En héritier direct de Soundiata Keïta, fondateur de l'Empire Mandingue, l'infirme devenu "voix d'or" emblématique du Mali rayonne ici sur la scène du Jazz Open Stuttgart avec l'aura d'un griot plus que princier et, pour meilleurs Ambassadeurs, les cuivres électrisants, riffs blues-rock et déferlantes balafoniques de ses loyaux alliés. Plus qu'un concert, ce live témoigne aussi du formidable métissage et de l'hyper-créativité à l'oeuvre dans ces années 90, décennie qui a tenu ses promesses pour de nombreux musiciens africains.